May 5, 2021, 11:35 a.m., by Lem
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Pour resituer, l'aventure RPZ a commencé il y a presque deux semaine et s'est cloturé il y a deux jours. Il s'agissait d'une aventure d'une dizaine de jours où de nombreux participants au Zevent avaient été conviés par l'iconique Zérator, le Z de Zorglub fournissant un indice de taille sur l'instigateur. Le plan était simple : créer un serveur roleplay sur GTA V éphémère et voir ce qui pourrait émerger dans ces presque deux semaines. Et l'expérience a été très enrichissante, même si je n'ai pu suivre que de façon lacunaire.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre : je suis un grand fan d'improvisation théâtrale, de construction narrative improvisée, je trouve ces disciplines fascinantes, au résultat le plus souvent inattendu, imprévisible.
Mais même avec cette inclination, je n'avais pas vraiment accroché quand j'avais regardé quelques sessions de MoMaN ou d'autres, j'arrivais au milieu du truc sans comprendre, je trouvais ça mou et absolument pas interactif, beaucoup de blabla dans le vent.
Vidéo d'annonce de #RPZ le serveur GTA RP du #ZEVENT2020 qui commence mercredi. Avec les explications et quelques détails de gameplay/invitations/Accès/durée avec notre invité.https://t.co/1d7nR3XPGG
Mais là, à l'instar des streameurs qui se prêtaient à l'expérience, la majorité n'ayant jamais tenté l'aventure RP, j'ai donné une chance au support. Faut avouer que l'affiche était alléchante : Mister MV, Zérator, Ponce, BagheraJones, Antoine Daniel, AlphaCast, des gens connus mais surtout dont je connaissais le potentiel d'animation et pour certains d'improvisation. Et le phénomène FOMO (la peur de rater quelque chose) a sans doute joué, vu qu'il s'agissait d'une saison bien délimitée dans le temps, courte et probablement unique. Je ne voulais clairement pas manquer ça.
Les premiers pas de Zérator étaient plutôt propres, il a brossé un portrait assez marqué et reconnaissable de marius Rotarez (dont je n'ai pas noté le sens du nom de famille tout de suite) d'un quarantenaire dans le transport de fonds, un peu drôle malgré lui avec son côté boomer et son accent du Sud.
Le début a été marqué par un premier accident de voiture annonciateur de beaucoup de choses...
Puis un passage de permis (on fermera les yeux sur le passage précédent pour éviter de noter l'infraction), qui aura paru long. Très très long.
Long au point qu'une alerte enlèvement a été déclenchée. On peut plus passer son permis en paix dans ce pays.
On sentait qu'il prenait ses marques, mais l'ensemble était cohérent et agréable, et la magie de la sérendipité a déjà frappé plusieurs fois au cours de ces premières heures, et que de nombreux effets papillons se sont déclenchés dès cet instant.
Le deuxième jour, j'ai changé de point de vue, voulant voir comment les autres vivaient l'aventure et remarquant que MV était en direct. Il avait choisi de faire un personnage dans la veine du comique de répétition qu'il a autour du "Connard de Virus" de Renault, interprétant des anciens aux cheveux blancs jusque sur les terrains de foot. Ainsi il incarnait Jhonny Monnay, un baroudeur sans filtre sur ses clopes comme sur ses propos, et régulièrement exaspéré par l'extravagance de certains comportements dans cette "ville de dégénérés".
Un personnage étrangement attachant et charismatique malgré tous ses défauts, qui a démarré très fort et a marqué durablement les esprits. MV s'annonçait certes novice mais prometteur, construisant à la volée des facettes d'un personnage cohérent.
J'ai beaucoup suivi les aventures d'éboueur ripoux de Jhonny Monnay, qui m'ont amené à découvrir pas mal d'autres personnages, notamment son partenaire Gontran (joué par sa "pièce rapportée" et acolyte régulier Mynthos) puis son engrainement dans le gang de Miguel, les Vagos, réputés pour leur boss qui serait le seul hispanique sans accent. Même si Miguel est un malfrat, je l'ai trouvé particulièrement sympa, bien joué et au coeur de pas mal d'intrigues, même si paradoxalement je n'ai quasiment pas regardé son POV (je ne savais même pas qui le jouait jusqu'à très tard).
En suivant alternativement Jhonny et quelques autres que je connaissais, j'ai découvert une pelletée d'autres personnages, Donatien de Montazac (pour beaucoup le MVP de la session), avec son haut de forme rouge et son caractère très méprisant et imbu de lui-même. Gérard Pichon, que je n'arrivais pas à positionner entre le vieux inoffensif et le parrain de mafia, preuve qu'il était joué avec brio (je n'ai appris qu'à la fin que c'était AlphaCast qui le jouait, c'est donc en toute bonne foi que j'ai apprécié sa prestation). Sinon les docteurs, surtout White et Cox dans des styles très différents, que j'ai un peu suivi vu qu'il étaient joués respectivement par Étoiles et le Joueur du Grenier. Je n'ai pas accroché à leur arc narratif, on sentait qu'ils tatonnaient mais surtout c'était moins dynamique qu'avec d'autres. Dans l'ensemble je n'ai pas trop aimé le parcours de Joshua Cox, sosie de Hitman, psychologue qui pête un cable et devient un vrai méchant de cinéma, mais un peu trop forcé à mon goût.
En autres noms assimilés au milieu de l'aventure, j'ai entendu parler des jeunes Croûte que leurs exploits de mésaventure et maladresse précédaient, Bill Boyd le commissaire investi et d'autres intriguants aux motivations et caractères variés
Au fil des jours j'ai continué à diversifier les points de vue puisque je commençais à comprendre les interactions entre personnages et les enjeux d'une partie d'entre eux. J'avais déjà raté pas mal de lore qui s'était tissé, mais j'ai pu assister à la construction d'autres moments fondateurs, comme les prises d'otage et braquages surprenamment récurrents, la tenue d'un club de combat clandestin, des courses acharnées de voiture, vélo, jet ski qui étaient toujours un excellent prétexte pour parfaire ses talents de triche, de mauvaise foi et d'esprit sportif douteux.
Mais tout ne se résumait pas à ces manifestations communes, une bonne proportion des trames narratives s'est constitué en petis comités, en interaction avec seulement quelques interlocuteurs, dans des ambiances de connivences ou de conflit. Ces instants laissaient plus d'espace aux personnalités pour s'exprimer avec plus de profondeur. L'alternance de ces contextes a permis de fournir un spectacle et des personnages relativement bien équilibrés entre facette publique et plus "privée".
Dans les derniers jours tout semblait s'accélérer. Les joueurs prenaient conscience que la fin approchait et qu'il allait falloir cloturer leur arc, quelques gros événements approchaient. Par curiosité, pour comprendre l'engouement pour les deux Croûte, j'ai suivi un peu leurs péripéties, et il est sans doute faux de dire que c'était le pic de leur carrière, mais j'ai assisté à des instants critiques, dans la demie journée juste avant le mariage, dont 2 (ou 3? toujours dur de garder le compte) comas pendant que je les suivais, dont un particulièrement inattendu bien qu'inévitable...
Le Los Santos Got Talent a rassemblé pour une dernière soirée la grande majorité des protagonistes, dont une bonne partie a démontré ses compétences artistiques de chant, beatbox, danse, humour, voltige... (et saut depuis le toit), dans des prestations de qualité extrêment variables mais dont peu sont passées inaperçues.
Puis pour la fin j'ai suivi Jhonny qui partait un peu en avance de la fête, ignorant les invitations à aller se miner une dernière fois au Domaine de "Montafiac" comme il l'appelait subtilement. Il a pris la poudre d'escampette jusqu'à retrouver un avion pour un final réussi.
Ce départ décalé m'a permis de retrouver d'autres acteurs rassemblés au domaine sus-mentionné, où plusieurs groupes discutaient une dernière fois devant un feu d'artifice sur ciel nocturne, chacun tirant sa révérance au fur et à mesure, ensemble ou dans son coin, parfois évoquant un avenir hypothétique, jusqu'à l'heure fatidique de minuit où les dernières caméras se sont éteintes. Laissant les spectateurs avec un petit pincement au coeur de voir tout ce chemin parcouru et désormais terminé.
Comme beaucoup d'autres, j'ai voulu creuser les histoires que je savais avoir raté durant le visionnage en direct, j'ai repris d'autres vidéos accessibles, et j'ai découvert d'autres aspects, des informations dont je n'avais pas la moindre idée, comme la fin de Gérard Pichon (Alphacast), dont j'avais vaguement entendu parler mais que je n'avais pas vécue. Et effectivement elle valait le détour, même si le fait de l'avoir vécu en direct, la veille de la fin théorique, aurait renforcé le côté inattendu de cette fin.
J'ai aussi pu creuser un peu l'histoire de Fab (Ponce), que je n'avais quasiment pas croisé mais qui avait fourni du contenu intéressant et original (sa petite fierté étant le travail sur le RP SMS comme il l'appelle, joué assez justement de ce que j'en ai vu)
Concernant la saison en général, j'ai trouvé ça dans l'ensemble frais et agréable, quelques crispations quand le jeu d'acteur était trop cabotin ou caricatural mais le fait de suivre des streamers appliqués même si novices a aidé à ce que l'ensemble paraisse à peu près fluide.
J'avais assez peu eu l'occasion de suivre des narrations parallèle comme ça, la majorité des jeux de rôle papier ne permettant pas cette avancée concurrente et autonome. L'ensemble des points de vue était impossible à suivre de front, ni même a posteriori vue la durée totale cumulée de vidéo. Cet aspect a rendu la situation frustrante et a forcé à faire des choix déchirants. Cette façon de raconter et suivre des aventures était en tout cas nouvelle et dépaysante (quelques échos des événements caritatifs multi-streams ceci dit).
Comme évoqué plus haut c'était aussi une de mes premières expériences de RP GTA, j'en ai fait beaucoup sur d'autres jeux, mais le plus souvent soous forme de texte, l'exercice est très différent, beaucoup moins interactif et immédiat. Après 10 jours à suivre des gens sur GTA RP, je dois admettre que mes premières impressions ont été largement corrigées, tout en sachant que c'est très dépendant de la personne qui joue et que le contexte RPZ était encore plus spécifique.
Ce genre de RP repose beaucoup sur des compétences liées à l'impro, quelques références à un brief initial me laissent penser que des conseils ont été diffusés aux streamers pour qu'ils aient des bases dans le travail de construction et dialogues proches de l'"impro" au sens de la discipline théâtrale : être à l'écoute de l'interlocuteur, accepter et rebondir sur les propositions... j'aurais été très curieux de voir ce qui leur a été dit pour rafraichir mon bagage à ce sujet. En tout cas ces lignes directrices se sont ressenties, il y a eu bien sûr des problèmes d'écoute, des refus, clichés et autres erreurs récurrentes dans des scènes improvisées mais le rendu était propre. Le fait d'avoir principalement des animateurs de stream a pu faire pencher parfois la balance vers le cabotinage, l'humour immédiat au détriment de la construction, c'était inévitable mais est resté minoritaire.
Pour poursuivre, je serais très intéressé pour avoir le retour de connaisseurs de A) improvisation et B) GTA RP pour savoir comment ils jugent la prestation des différents "acteurs", connaitre les bonnes surprises, les erreurs attendues et les écueils pas anticipés, et analyser plus finement la démarche de chacun. (des débriefs avec intervenants, sur la chaîne de Zerator par exemple, ont permis d'obtenir quelques éléments pour la catégorie B, à approfondir)
Et dans tous les cas, vu qu'il y aura une autre saison, je la suivrai avec beaucoup de curiosité :D
La communauté s'est beaucoup mobilisé autour de l'événement, les fan arts ont plu par milliers, les outils, sites parallèles ont fleuri (par exemple le site de vente d'alcool de Montazac & Torez), j'ai noté quelques liens pour mémoire :
J'ai aussi construit, à l'instar d'autres techniciens motivés, un système pour essayer de s'y retrouver dans les histoires parallèles, mon ébauche de proposition est accessible sur cette page, elle sera enrichie au fur et à mesure (et peut être collaborative si certains sont intéressés pour partager des informations de timing d'événements / rencontres, ou pour temporaliser les meilleurs clips qui ont fleuri au fil des jours. Elle se base sur l'outil BeTC (Between-Timeline Coordinator) développé pour l'occasion et en amélioration progressive
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