Feb. 23, 2025, 1:59 p.m.
En guise de Nanowrimo 2024, il y a actuellement un problème qui mérite d'être abordées : on peut se dire que finalement ce serait assez pertinent de vider son sac tant que l'on a l'esprit à peu près clair.
Pour une fois on ne va pas passer par une grosse phase de world building, le but est d'aller rapidement dans le vif du sujet. Le prétexte est le nano mais on ne va pas se mentir, les réalisations des dernières années s'écartaient du concept de Nano mais là ça devient critique : après avoir perdu le côté roman finalisé, on a perdu le compte de 50 000 mots, puis on a perdu le côté fiction et monobloc et désormais on perd le côté Novembre... Mais tant pis, il y a de la beauté et de l'intérêt dans la déstructuration, on évite de tomber dans la répétition ou l'ennui à ressasser es mêmes idées sous des formes différentes.
Alors ça va peut être passer pour un ego trip, mais cette fois on va parler d'une histoire vraie, le point de vue subjectif d'un créateur anachronique dans un moment confus.
Comme dans toute histoire, il y a un déclencheur. Dans le cas présent une inquiétude profonde et tenace, urgente et mal caractérisée. Alors on va faire un retour sur l'état initial pré-péripétie avant d'entrer dans le vif du sujet.
Sans entrer trop dans le détail, on parle de quelqu'un qui aurait de base préféré écrire autre chose que ce genre d'histoire, qui aurait largement préféré rester dans la création de fiction, sauf que des choses plus essentielles lui traversent la tête qui détoneraient même inscrit dans une histoire. Je me suis un peu fait une spécialité dans la construction d'univers métaphoriques pour aborder des questions réelles et pour ajouter une touche poétique ou fantastique à des réflexions parfois trop terre à terre. Ce n'est pas toujours un succès, j'atteins toujours les limites de la métaphore filée, des fois assez vite ce qui peut déstabiliser le lecteur et l'arracher à sa suspension d'incrédulité.
Ce problème ne se posera pas cette fois, nous resterons en milieu réel, pas de parallèle, pas d'implicite ou de double sens. Un exercice nouveau, espérons le salutaire.
Avant toute autre chose je vais aborder la cause principale de ce texte en espérant que ça pourra aider d'autres à repérer des similarités et voir comment les choses peuvent évoluer.
Hors-sujet sur le titre de cette partie : c'était le titre d'une maquette d'album que j'avais commencé à ébaucher - alors même que je n'ai pas ouvert un logiciel de MAO depuis des lustres et que mes facultés de composition musicale sont balbutiantes. Le nom était une référence directe au "DON'T PANIC" de Douglas Adams, supposément écrit au dos du Guide du Voyageur Galactique. Quoi qu'il en soit, j'ai oublié le carnet contenant (entre autres) ces premières réflexions d'album dans la voiture d'un Blablacar il y a 9 ans et le projet est mort dans l'œuf. Comme quoi les problèmes de mémoire c'est pas nouveau en tout cas... J'aurais bien aimer appeler cette partie "Dans mes souvenirs j'avais une bonne mémoire", citation empruntée à un ami, mais ce titre aurait été mensonger.
Allons-y : j'ai traversé 4 ans de COVID sans le choper officiellement, entre coup de bol et précautions strictes. Puis un beau jour de novembre 2023, en pleine trêve sacrée du NaNoWriMo, se retrouve positivement malade de ce germe tout beau tout frais. Forcément, le rythme d'écriture s'en ressent. Plus sérieusement, le machin me rend modérément malade, mais je m'en tire plutôt bien à part une petite toux qui traine quelques semaines puis disparait. Tout semble revenu à la normale. Puis vient l'année de grâce 2024 et se bonnes résolutions, et vient compléter cette étape un glissement progressif vers le troublant. Progressivement, à tel point que je n'arrive pas à déterminer à quel moment ça a vraiment commencé, je remarque des dysfonctionnements dans ma façon de mobiliser mes facultés mentales. En particulier ça coince plus souvent que d'habitude avec les noms de collègues connus depuis plusieurs années, voire même des noms communs tout ce qu'on fait de plus banaux (banals ?). Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, en tout cas au fil de l'année la situation continue d'évoluer avec une démultiplication des moments où je repère des bugs dans le fonctionnement de mon cerveau.
Le problème principal que je rencontre depuis le début de cette affaire est qu'aucune des manifestations n'est typique, à chaque fois il s'agit d'une défaillance dans la même catégorie que ce que j'ai pu connaitre par le passé : galérer à retenir le nom des gens, oublier de mettre la soupe au frigo, perdre le fil de mes pensées, entrer dans une pièce sans savoir ce qu'on venait y faire. J'ai juste l'impression que les situations sont plus nombreuses et plus sérieuses qu'auparavant. En lisant ça on pourrait me répondre que c'est que j'atteins la trentaine, je suis dans la période où le cerveau commence à fonctionner à un régime plus lent qu'auparavant. Exact, mais dans quelle mesure ressent-on une variation sur une période de moins d'un an ?
A peu près convaincu que ce n'est pas juste une passade de fatigue, j'en parle avec médecin et spécialistes, jusqu'à obtenir deux informations en fin d'été : la première, correspondant à un soupçon que j'avais, qu'il pourrait bien s'agir d'une forme de COVID long, après tout ça correspond un peu à ce que traverse quelqu'un de mon entourage. Mais rien de certain, pas d'indice sérieux pour ou contre cette hypothèse, seulement l'aspect circonstanciel que ça tombe dans la foulée de ce premier COVID. L'autre point est plus quantifiable, c'est le diagnostic d'un déficit significatif de la mémoire de travail, un terme technique pour dire "l'endroit où on gère la situation actuelle, où on rapatrie les informations connues et celles de l'environnement pour réfléchir", désolé si cette définition de néophyte ne correspond pas à la réalité je m'excuse auprès de tous les experts en neuroscience et psychologie. Bref, ça met un symptôme quantifié sur la sensation diffuse que j'avais depuis un semestre. Cette information ne change rien factuellement si ce n'est que désormais je peux considérer que ce n'est pas une impression dénuée de fondement et qu'il y a bien un vrai problème dans les engrenages de la pensée. Et ça pour le dire franchement, ça fait un peu peur. ça m'a fait me dire qu'il fallait peut-être que je revois mes priorités.
Depuis, incidemment, j'ai vu une vidéo d'EGO sur le musée de l'oubli qui m'a fait tout bizarre... Spoiler : ça parle d'Alzheimer au travers de la vie d'un peintre. J'ai pu me projeter dedans beaucoup plus qu'il n'eut été raisonnable, cette vidéo reprenait nombre de mes interrogations et réflexions sur la mémoire et l'impact de l'état neurologique sur la vie quotidienne. Vient un déclic qui ne fait pas plaisir : à un moment une œuvre très marquante par son aspect désordonné causé par une perte de la notion de perspective. Sensation que j'avais eu quelques jours auparavant en voulant vérifier si une planche était droite. Ainsi que la difficulté à me faire une image mentale correcte de mon environnement visuel. Non pas que je pense d'un coup avoir Alzheimer, mais la réalisation que la perception même de l'environnement peut être affectée par un trouble neurologique.
Même avec en main la bille du diagnostic de défaillance de mémoire de travail, je ne suis pas forcément très avancé : la problématique centrale qui reste et pour laquelle je crain de ne pas avoir de réponse à temps est celle de savoir la dynamique à attendre de ce problème. Est ce qu'au bout d'un an et quelques la situation va se résorber, comme on peut l'espérer dans pas mal de cas de covid long ? Est-ce que les choses vont continuer de se dégrader progressivement ? à un rythme variable? Est ce que ça peut atteindre un moment où ça affecte profondément ma capacité à penser ? à vivre de façon autonome ? ça fait très dramatique posé comme ça, mais ce n'est pas juste des paroles pour se faire peur ou pour gonfler le problème : il y a des cas, covid long ou autre, où la situation s'est aggravé irréversiblement. Alors que faire ? Faire genre que rien ne se passe, partir du principe que c'est passager et continuer de profiter de la vie sans arrière pensée, sans se poser de question ni s'inquiéter. Partir du principe que tout est foutu et que plus rien ne vaut la peine puisqu'i n'y aurait plus personne dans moins d'un an ? Etant amateur incorrigible de la stratégie de l'entre deux, je vais tenter de rester sur la ligne de crête sous une forme un peu constructive parce que c'est un peu ennuyeux de juste se lamenter et que c'est un peu con de ne rien faire au cas où la situation deviendrait problématique.
Tout ça fait que je me trouve (ou me perds ?) dans les limbes, ne sachant pas trop à quel point je peux vivre prenant des engagements à moyen ou long terme, commencer des projets ambitieux sur le long cours au risque qu'ils soient interrompus sans rien de tangible en sortie. Mais je ne peux pas non plus sacrifier le temps que j'ai devant moi pour juste parer au pire. Et c'est un peu aussi le côté délicat de cet écrit : il faut que ça ait un sens dans tous les futurs.
Plus pragmatiquement dans mon fonctionnement quotidien, j'en viens tenter de résoudre cette question insoluble d'optimisation du temps libre, comme si il y avait une bonne façon de se détendre, d'être oisif de façon rentable.
Ainsi donc, environ un an après l'apparition des premiers symptômes, j'inaugure cette section qui contiendra les chapitres suivants liés au contexte bourbeux dans lequel je barbote :
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