Nov. 13, 2018, 10 p.m., by Lem

[LoL] Ruée vers l'or

Ce soir est le dernier soir de la saison 8 de la Ligue des Légendes, le moment est donc venu pour moi de revenir sur plusieurs années de quête en classée.


Le soulagement a été profond lorsqu'après avoir raté une première fois la promotion pour l'Or, j'ai enfin réussi à franchir le cap avec une Zyra support, efficace et redoutable.
Soulagement d'avoir réussi ces matchs, mais surtout soulagement d'avoir enfin réussi, après quatre ans de tentatives plus ou moins acharnées à atteindre ce pallier intangible et mouvant que le système de ligue qualifie d'Or.


Ces quatre années ont pu être éprouvantes mentalement, le nombre de parties passées à pester contre le Destin, et surtout la pire frustration de voir ses compagnons de jeu grimper alors que l'on stagne, voire parfois pire, que l'on régresse sur l'échelle. À force de répétition, on commence à prendre des habitudes, parfois bonnes, c'est l'apprentissage, parfois mauvaises, c'est l'automatisation comportementale. À certains moments on a l'impression d'avoir saisi quelque chose, d'avoir compris un facteur déterminant pour progresser. Et juste après nos nouvelles certitudes s'effondrent en une partie perdue, alors qu'elles auraient peut-être mérité un peu plus de persévérance pour se révéler et s'épanouir.

Parmi tous les problèmes que j'ai pu dégager, certains étaient illusoires, et d'autres me semblent encore aujourd'hui valables, même si ils ne seront pas forcément valables pour d'autres, les jugements concernant la progression était très liés au mental du joueur et également des facteurs multiples et interdépendants que l'on peut ranger sous l'intitulé Hasard.


Ceci n'est pas un guide "ROAD TO GOLD! ABONETOI", je ne détiens pas de recette miracle pour sortir de l'Argent, et je sais bien que beaucoup se gausseront à l'idée que je veux les aider à passer un niveau qu'ils ont déjà depuis plusieurs années. C'est ici surtout un travail rétrospectif sur mon cas spécifique.
En premier point que j'ai mis longtemps avant de cerner, c'était que mon rythme de fonctionnement ne me permettait pas de faire des parties de façon totalement sporadique : étant plutôt lent à la comprenette, il me fallait toujours quelques jours pour maitriser un nouveau patch ou un nouveau champion. Et si on ajoute à cela que je ne jouais pas vraiment régulièrement en 5v5 et que dans le lot j'étais rarement parfaitement concentré, cela rend mes tentatives de classées à l'emporte-pièce risquées, voire contre-productives. La gestion de rythme d'apprentissage intègre aussi l'aspect de détection des tendances, les champions ou orientations particulièrement fortes à tel moment, afin de comprendre les stratégies de contre ou de considérer le bannissement de tel champion hors de contrôle. Parce qu'assez régulièrement, la première partie après une période d'absence consistait en une défaite cuisante contre un champion dont on avait oublié la puissance. Et s'il y avait plusieurs champions très forts sur le moment, l'adaptation se faisait parfois au coût de plusieurs défaites.

En second point, mais que j'aurais dû mettre en premier tellement c'est un facteur déterminant lorsqu'on commence à stagner et à être frustré de ses coéquipiers, c'est la capacité à faire le travail même si certains membres de l'équipe sont défaillants. Et cela passe par la prise de champions possédant d'une manière ou d'une autre la faculté de sécuriser des objectifs importants ou de tuer régulièrement les ennemis de façon quasi-autonome. Cela a plutôt bien marché pour moi lorsque j'ai pris des champions spécialisés dans la destruction de tourelles, comme Sion ou Yorick (même si c'était dans une autre file que celle où je suis passé Gold), ou en tant que support avec des gros dégâts ou des contrôles et des dégats corrects. Pour cette raison j'ai abandonné les Morgana et Janna qui, bien qu'étant des atouts de qualité, ne permettent pas (quand c'est moi qui les joue) d'assurer les dégats décisifs de la partie.
Au elo auquel je jouais, les gens aimaient beaucoup se battre, et pendant une bonne partie de la saison les parties duraient moins de 25 minutes. Au lieu de prendre des splitpushers ou des spécialistes du duel, je me suis donc orienté vers des champions à gros burst et engage afin d'être capable de débloquer des situations. La solution pour éviter que ses alliés meurent était souvent de tuer leurs ennemis assez vite pour qu'ils n'aient pas le temps de leur faire du mal.


Ce sont des remarques valables pour la queue Solo mais qui ne s'appliquent plus dès que l'on joue à plusieurs, en Duo ou plus pour la Flex. Il s'agit du microcosme dans lequel on laisse à l'aléatoire le soin de nous choisir quatre coéquipiers. Quatre chances de tomber sur un mec qui reste à la base, un qui insulte ou un qui ne comprend pas qu'il est en train de couler la partie par ses seules prises de décisions.
J'avais régulièrement l'envie de monter en partenariat avec un autre joueur, connu ou inconnu. Je me disais que limiter l'aléatoire aiderait, et c'était compréhensible. Mais à chaque tentative, l'autre finissait par se révéler trop impétueux et sûr de lui même jusqu'à causer du tort à l'équipe ou à devenir négatif envers d'autres coéquipiers.

J'ai dû accepter le fait que pour monter, il me fallait faire le deuil d'une certaine facette du jeu orientée vers le Fun et le Fair Play. Sans aller jusqu'à tuer les absents, j'ai appris à ne pas m'en vouloir d'utiliser des méthodes peu agréables pour les ennemis pour arriver à mes fins, comme la priorisation du tapage de bâtiment par rapport aux escarmouches, choix moins "beau jeu" je l'admets. Et cette montée ne veut pas forcément dire que je suis devenu meilleur au jeu League of Legends, juste que j'ai appris à monter en Elo de Solo Queue.

Puisque j'ai autant galéré et que cela m'a visiblement apporté une bonne dose de frustration, pourquoi m'être infligé cet objectif ? Qu'est-ce qui m'animait pour recliquer à chaque fois sur le bouton "Jouer" en mode Solo ? C'est un mélange d'habitude et de fierté : à l'instar des jeux de société, même si j'aime bien varier, j'ai du mal à me mettre à de nouveaux jeux vidéos, et je préfère concentrer le temps libre que j'ai sur quelques jeux précis plutôt que de tenter de m'améliorer partout. Et la Ligue des Légendes me permettait de retrouver cette atmosphère connue et dans laquelle je souhaitais me perfectionner. Et surtout, je visais cette limite de l'Or en partant du principe que je méritais ce niveau, que j'étais qualifié pour y arriver.


J'ai compris avec le temps qu'il ne s'agit pas forcément d'être bon pour passer les paliers, parfois il suffit d'un peu de chance, d'un éclair de génie temporaire qui fait découvrir une combinaison qui sort du lot, un talent mécanique supérieur qui permet de se jouer de ses adversaires, ou lorsqu'on n'a pas suffisamment les éléments précédents, le temps est le dernier allié : à force de faire des tirages aléatoires qui tombent sur la bonne face on finit bien par monter (cf mon simulateur de progression en classée).

J'ai dit au dessus que j'attribuais mon passage du cap Or à une combinaison de répétition et d'une compréhension des enjeux et mécanismes spécifiques de la Solo Queue, cependant il me semble qu'au delà de ça j'ai réellement progressé dans ma compréhension du jeu ainsi que ma compétence technique et stratégique. Je ne sais pas si j'ai un niveau "Or", ni même si cela veut dire quelque chose. Je sais juste qu'en supposant qu'actuellement j'ai ce niveau, alors il y a trois ans je dois reconnaitre que je ne l'avais pas (même en sachant que le niveau global a forcément monté au fil des années). Et j'en veux pour simple preuve la mise en place de certains comportements, certaines prises de décision que je n'avais pas les années d'avant et que j'ai fini par acquérir à force de parties, de prise de recul et de discussion avec des copains pédagogues. Certains de ces progrès datent, mais d'autres sont encore très récents, comme la vérification systématique de l'état de la vague de minions avant de décaler pour les objectifs qui, même si en conséquent j'arrive plus tard qu'avant pour une escarmouche, me permet d'assurer sur le plus long terme la viabilité de ma ligne (en tant que ligne médiane). Et encore plus récemment, l'importance de l'expérience pour le personnage et son duel, à la suite d'une défaite cuisante où un mauvais moment de mort a entraîné un effondrement de la partie en notre défaveur lorsque les niveaux d'écart se sont fait sentir.


Au final même si le voyage aura été long et frustrant, j'aurai appris pas mal de choses sur moi-même, sur les autres, sur les MOBA évidemment. Et surout, se rendre compte que l'on s'améliore est un sentiment qui compense beaucoup de choses. Quant à savoir si le temps investi aurait pu être mieux utilisé, la réponse est avec peu de doutes "oui" dans l'absolu, en tout cas pour cette année j'ai l'impression que cette quête du palier Or n'a pas eu une place trop encombrante dans mon emploi du temps (moins de 170 parties pour passer de Bronze I à Gold V). La ligue occupe encore une place un peu trop prépondérante dans mes loisirs mais je ne suis pas loin d'avoir trouvé un équilibre adéquat entre try hard et nouveaux horizons...


PS : Pour ceux qui seraient intéressés par mon type d'invocateur, en saison 8 j'ai joué milieu à 70% et support pour le reste, et mes champions phares de la saison (sélectionnés plus de 10 fois) ont été par ordre décroissant Veigar, Lux et Sion.

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