Dec. 3, 2017, 9:17 p.m., by Lem
J'ai évoqué il y a 3 ans de cela le fait que Novembre allait être une belle occasion pour entrer dans une dynamique créative. J'avais en tête de tenter un challenge d'écriture annuel du nom de NNWM, ou Nanowrimo, ou National Novel Writing Month. Vous en avez peut-être entendu parler en naviguant sur l'Internet, nombreux sont les téméraires qui ont tenté l'expérience.
On peut s'inscrire sur le site ou pas, en soi on peut très bien se lancer le défi dans son coin sans avoir à s'inscrire où que ce soit. Je m'inscris parce que ça permet de trouver d'autres nanoteurs, que le site a un forum assez actif et qu'on a un joli graphe de progression qui me permet de garder la motiv (je marche à fond avec les statistiques de façon générale), mais c'est clairement facultatif. Le tout c'est d'écrire ^^
Le processus peut paraître un peu artificiel, mais c'est un excellent moyen pour se forcer de façon régulière à écrire, et pour les gens souffrant de procrastination aiguë ce genre d'occasion évite de se dire qu'on va le faire plus tard, le spectre de l'échec de ne pas avoir atteint le nombre de mots voulu planant sur la tête de l'écrivain en herbe durant tout le mois.
Mais c'est loin d'être un calvaire, c'est une expérience très enrichissante. Avant de m’enfoncer plus avant dans ce détail, je vais devoir revenir à comment j'ai fait mienne la définition du nano. Maintenant que j'ai fait ça 3 fois, je suis en mesure d'expliquer à peu près comment je vois mon Nano : il s'agit d'une occasion de commencer un roman à partir de pas grand chose, et d'en écrire la plus grosse partie durant le mois. Je causerai plus bas de comment ça se passe concrètement pour moi. (<- hardcore cliffhanger), mais il faut tout d'abord comprendre que je me suis lancé dans ces trois années de nano avec très peu de préparation, uniquement une vague idée de l'univers, un concept ou une scène que je voulais développer et pour cette année une ébauche de plan et de personnages (aidé également par le fait que je faisais une histoire dans le même univers que l'année d'avant, avec plusieurs personnages en commun).
J'ai deux modes d'écriture principaux : soit écriture au fil de l'eau, pépère devant mon logiciel distraction-free qui fait des tics de machine à écrire à chaque lettre tapée (Q10 pour ceux qui voudraient tester), soit en mode Word War en me fixant un temps limite et essayant d'écrire le plus de mots possible (souvent en compétition avec les camarades du chat IRC pour créer de l'émulation).
à noter d'ailleurs un site développé par une pote du salon IRC : https://objectif-750.fr/ qui permet, entre autres, de créer des word wars partageables avec des copains et qui enregistre les textes que l'on écrit (heureusement d'ailleurs, sinon c'est vraiment de l'art TRES éphémère)
En gros, je me suis rendu compte que j'étais beaucoup (beaucoup) plus efficace en mode chronométré, quand je ne me laisse pas le temps d'hésiter. C'est une méthode périlleuse cependant et qui ne peut être utilisé tout le long du roman au risque de se retrouver avec un texte superficiel et contradictoire. Il y a toujours un moment où je suis obligé de m'arrêter, regarder là où l'improvisation m'avait conduit et essayer de me dépatouiller pour retrouver là où je voulais vraiment aller.
La word war est un exercice dangereux, mais qui d'une part assure un nombre de mot important, ce qui veut dire que l'on explore notre univers sans s'en rendre compte (même si des fois on tourne un peu en rond), tout en sachant que certains paragraphes seront coupés à la relecture, ce mode permet de donner de la consistance à l'univers. Et parfois, et c'est un phénomène assez addictif j'avoue, ça permet de trouver une solution, ou de créer une situation à laquelle on n'aurait jamais pensé si on s'était laissé le temps de réfléchir. L'urgence génère des concepts inattendus, reste à analyser a posteriori s'ils sont viables et cohérents pour l'histoire.
La régularité est très importante pour moi, je sais que je me décourage vite si je vois que je m'éloigne de l'objectif théorique. Il faut donc que j'assure de façon quotidienne, en remarquant par ailleurs que je suis moins productifs les week-ends (quand je suis libre de faire ce que je veux) que la semaine, où j'ai des créneaux réservés. Encore un aspect de créativité sous contrainte.
Le Nano me permet de concrétiser des histoires que j'ai en tête, même si le rendu final correspond rarement à ce que j'avais en tête au début, c'est aussi la magie de l'écriture. Les récits produits, à cause de l'aspect d'impro, manquent souvent de détail, sont sujets à quelques plot holes et les phrases sont lourdes (mais ça c'est aussi mon style de base malheureusement, et c'est pire pour les dialogues), d'un point de vue positif ce qui me plait dans mes histoires de nano c'est les péripéties inattendues et les moments Euréka ! ou un détail qu'on avait mis avant sans trop savoir comment on allait l'utiliser prend tout son sens. Et le fait que j'ai une histoire avec un début et une fin (sauf pour cette année, mais ça viendra je pense) est super gratifiant.
Pour l'instant c'est seulement au travers du Nano que j'ai réussi à écrire des textes longs, a fortiori des histoires, sinon je me contente de textes courts dans des contextes particuliers (petits récits roleplay principalement). Maintenant que j'ai vu ce que donnait mon côté d'improvisateur (mode d'écriture que j'apprécie vraiment), je vais tenter de faire des structures de récits plus élaborées, des univers plus construits pour que les récits que je veux créer dedans tiennent la route, vu qu'ils sont plus complexes à réaliser : J'ai notamment en tête un récit de science-fiction (que je vais peut-être diffuser pour ce qui serait mon premier appel à texte, à propos de "Migrations du futur"), dont il faut que j'esquisse l'univers et une planète en particulier.
En résumé, le nano est une super façon pour moi de me concentrer sur un projet de création, l'exercice comporte des limites fortes qui doivent être décelées pour ne pas tomber dans une caricature de récit, mais c'est un catalyseur d'idées et peut devenir une expérience sociale très sympa si on est dans une ville (et une année) dynamique.