July 12, 2022, 8:05 p.m., by Lem
Avec l'annonce en début de mois d'un ZEvent (événement caritatif en ligne) sur l'écologie, j'étais très content que le sujet soit enfin abordé, et en faisant une recherche de 5 secondes sur l'association bénéficiaire - Good Planet - que je ne connaissais pas, j'ai vu que c'était de la sensibilisation sur l'écologie, pourquoi pas après tout c'est un angle d'approche, un peu mou peut-être.
Depuis beaucoup de caca a frappé le ventilateur comme disent les anglophones, des points très négatifs sont sortis sur l'assoc, exercice désormais récurrent lors des Zevents sauf que je les trouvais cette fois vraiment gênants, surtout les allégations de greenwashing. Mais le bouillon de culture informe que ça a généré m'a déjà semblé intéressant, car s'il mobilisait à coup sûr trop d'affect et des réflexions souvent superficielles, le sujet de l'écologie et de comment œuvrer utilement dans ce champ était mis sur la table.
Zérator, suite au torrent des internautes véhéments mais sans doute surtout au feedback de collègues streameurs qui ont du faire part de leurs réticence, a fait marche arrière (belle preuve de maturité même si on peut être critique vis à vis de beaucoup de choses concernant le bran(l)ding ZeratorTM) et a décidé de soumettre au vote les bénéficiaires des dons pour cette année, en choisissant 5 associations œuvrant pour l'environnement parmi une vingtaine d'entités associatives de taille, portée, convictions variées voire contradictoires, afin de laisser la décision à la majorité.
Je trouve l'idée louable et peut-être la moins pire dans cette situation, mais soulèverai déjà un point d'inquiétude sur le système de vote en ligne, avec le risque de trafic de votes si le système est trop léger. Parce que si triche il y a, cela sera sans doute envers soit les plus fanatiques, mais plus probablement vers ceux qui ont le plus de moyens et en même temps ceux qui ont financièrement le plus à perdre en fonction du choix d'assoc. Complotisme partiel de ma part ici, mais crédible.
Au delà de la question du choix de l'assoc, beaucoup de questionnement, de points de polarisation ont émergé au cours de la dernière semaine : les pro-nucléaire ont annoncé boycotter à vue toute assoc n'allant pas dans leur sens, ce qui peut se comprendre vu que dans cet axe il peut paraitre très contreproductif voire suicidaire de lâcher totalement le nucléaire dans la situation immédiate, mais un boycott systématique me semble injustifié. La question du pro-OGM / anti OGM a aussi émergé, ce qui m'a surpris parce que j'avais quand même eu l'impression que l'opinion publique était stabilisée sur la question, à savoir exclure systématiquement toute idée d'OGM surtout pour l'alimentation (même si mon avis divergeait partiellement).
Et j'ai eu l'impression de voir un consensus de la part des gens un peu informés, ceux qui ont été un peu plus loin que le "éteindre le robinet en se brossant les dents" ou "supprimer ses mails" (actions positives mais à faible impact relativement au nombre de fois où le message a été asséné) : il faut agir sur les gros pollueurs, les multinationales sont les responsables principaux. Ce qui est vrai, on a vu des études intéressantes à ce sujet et le constat est clair [source à fournir].
CEPENDANT, on arrive à un nouvel écueil, un nouveau mirage dont j'avais envie de parler depuis longtemps dans un billet : l'illusion de croire qu'il suffit de faire plier les entreprises pour résoudre la crise climatique et "sauver la planète". C'était par exemple le cas d'un commentaire Youtube (matez la qualité de la source) qui disait que les conseils pour faire du gaming moins énergivore étaient à côté de la plaque et que y'en avait marre de culpabiliser le particulier.
Je suis d'accord que les communications actuelles vont trop dans ce sens sans remettre en cause le fonctionnement des entreprises et d'une minorité d'hyper-pollueurs, mais hélas on a quand même besoin de se mobiliser au niveau individuel, chacun en tant que citoyen dans notre environnement immédiat.
Le point très délicat est que l'on ne peut pas attendre. On ne peut pas attendre que Total Energies arrête ses projets d'extraction d'hydrocarbures, on ne peut pas attendre que la Chine arrête de consommer du charbon avant de se mettre à faire un effort individuel pour "compléter l'effort". On n'a pas le temps. Les mécanismes en jeu sont trop lents et interdépendants pour que les choses soient faites séquentiellement.
Pour un point qui appellera sans doute correction ou ajustement, je pense qu'au delà de l'appât du gain des actionnaires qui peut les pousser dans des directions néfastes pour notre avenir commun, il y a nécessité de réaliser plusieurs points un peu pénibles voire gênants pour nous tous : les usines polluent principalement pour alimenter notre consommation. On peut arguer qu'ils pourraient produire différemment, être plus respectueux de l'environnement, c'est vrai. Sauf que nos comportements de consommation sont le moteur principal de ce cercle vicieux.
Il est illusoire de croire que l'on peut garder notre confort de vie face aux enjeux qui nous attendent, il y aura besoin de maturité.
C'est d'ailleurs là que j'ai envie de revenir sur le concept de "maturité" et de "pragmatisme" vanté par ceux qui conchient les initiatives écologistes. La vraie maturité ce n'est pas d'accepter les injustices actuelles parce qu'elles sont confortables pour nous. Être mature, ce n'est pas chouiner parce que la cantine propose un menu végétarien et que du coup c'est idéologiste. Être adulte c'est assumer ses responsabilités et les conséquences de ses actes, et surtout être capable de faire l'effort de changer même si c'est difficile.
En tout cas je suis content que le sujet soit enfin au cœur des discussions, que beaucoup de gens découvrent les domaines de clivage et apprennent les tenants et aboutissants. Je remercie pour ça la pugnacité de Zerator et des gens à l'organisation, ainsi que les streamers qui se mettent en position délicate, conscients de leurs contradictions en terme de train de vie non-soutenable - en espérant quand même qu'ils se remettront en cause rapidement pour être cohérents avec les enjeux actuels, en tant que figures publiques.
Pour en revenir au Z-Event, il faut juste espérer que la désinformation ne contaminera pas tous les échanges, et que les différents acteurs sauront faire honneur à l'importance de la crise écologie, et ce avant, pendant et surtout après l'ultime Z-event sous cette forme.
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